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  • Photo du rédacteurVirginie Riauté

retour de lecture : recyclés de cetro


J’ai découvert Cetro avec Éveil et Abîme, puis il y a eu Au bout du chemin, qui est devenu LE livre. Celui qui a déclenché de telles émotions que mon appétit livresque est revenu alors que j’étais anorexique. Il fut mon phare dans la tempête, l’épaule sur laquelle m’appuyer, ma madeleine de Proust, ma béquille. Il est arrivé à point nommé dans ma vie. J’aurais pu réécrire le livre dans son entier, tant les élocutions m’ont touchée et bouleversée.

J’ai ensuite fait connaissance avec l’auteur. D’échanges timides et succincts aux joutes verbales, des rires aux confidences, nous sommes devenus amis. Amis virtuels et numériques, enfin, Amis, de ceux qui comptent.

Il y a des amitiés d’esprit qui finissent en amitié de cœur.

Aussi, lorsque je reçois ses livres, c’est l’amie qui les lit. Un ami, c’est quelqu’un de bienveillant mais aussi d’impartial, un soutien, certes, mais il se doit d’être sincère.

À chaque fois que Cetro sort un livre, c’est pour moi un grand moment : l’opportunité d’un tête-à-tête avec mon pote; je sais qu’il va m’embarquer avec lui.

Il est un des seuls auteurs à me sortir le cul de mon canapé, à me faire traverser l’écran, et intégrer son récit . Avec Cetro, je le répète, on n’est plus spectateur, nous devenons acteur.

J’ai donc accompagné ses oubliés, ces sans-abri, j’ai vécu avec eux leurs aventures et leurs déconvenues. J’ai croisé Simon et puis Adam et ses éclats de rousseurs; la vivacité d’esprit et l’empathie de ces deux gamins ont fait cogner mon cœur plus fort pour des raisons que ceux qui me connaissent un peu, devineront.

J’ai rencontré Psy, ce farfelu et fantasque personnage et je l’ai reconnu, lui aussi...

J’ai aussi pensé à Guido, ce fantastique papa dans le film La vie est belle. Ce personnage qui oppose au cauchemar, la force d’un rêve inlassablement inventé.

Le récit est parfois drôle mais certaines scènes violentes présagent un destin sans inversion possible. Lorsqu’il n’y a plus de quoi rire et que le mal devient une évidence à pleurer, on mesure l’habilité de l’auteur à ne pas verser dans la sur dramatisation et le pathos mais à mettre au contraire en exergue les valeurs universelles.

C’est l’histoire d’un groupe de gens, des inconnus devenus des frères, qui forment un groupe, un clan, dans lequel toute initiative collective prévaut sur l’individualité. Le mot solidarité prend ici tout son sens. Point de premiers rôles dans ce roman, pas de grand héros. C’est volontaire. Chaque personnage est une pièce d’un puzzle géant. Si il manque un élément, les autres resserrent les rangs pour qu’on ne se rendent pas compte de son absence.

J’ai aussi croisé l’égoïsme et l’individualisme à son paroxysme en la personne d’une certaine Virginie Raymond, diablement stoïque et efficace.

( Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite. 😉 ). Ce personnage me rappelle que bien que nous sommes dans une fiction, l’indifférence, le mépris et l’égocentrisme dans le monde réel sont des maux d’une violence inouïe pour les Hommes de la rue.

Ce roman n’a pas pour objectif de donner des leçons de morale ou de juger. Il s’agit juste d’un constat peut-être une prise de conscience ponctuelle pour certains d’entre nous, et ce sera déjà pas mal.

J’irais jusqu’à dire, et cela n’engage que moi, que ce livre devrait être lu au lycée.

Dans ce récit, j’ai retrouvé le ton de son premier thriller, Éveil, j’ai retrouvé les valeurs et des sujets communs à Sam, que j’avais adoré, j’ai retrouvé les intentions d’Au nom de l’art. Dans ce roman, vous trouverez un concentré du meilleur de Cetro. La plume est toujours affûtée, efficace mais délicate et poétique également.

Je sais que l’auteur y a mis beaucoup de lui-même dans ce récit. Après tout, chaque auteur utilise toujours un peu de réalité dans ses fictions; souvent le lecteur passe à côté, ou au contraire il confond fiction et vie privée en tentant de lire maladroitement entre les lignes.

La proximité que nous offrent les auto édités nous permet de parfois deviner involontairement ces passages et la lecture en est encore plus dense.

Pour finir, si vous lisez ce livre, vous reconnaîtrez sans doute un personnage très attachant, un petit animal qui m’a connecté à un auteur de mon enfance :

- Tu vois, là-bas, les champs de blé ?

Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c’est triste ! Mais tu as des cheveux couleur d’or. Alors, ce sera merveilleux quand tu m’auras apprivoisé ! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j’aimerai le bruit du vent dans le blé.

- S’il te plaît...apprivoise-moi ! dit-il.

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