Il a fallu évidemment que j’aille immédiatement consulter Google pour connaître la signification d’Eskern en Breton... Je me doutais que l’auteur y mettrait du sens. De la couverture au titre, il y a toujours du sens chez Soulier, rien n’est vain.
C’est l’histoire d’Annaïg ( là aussi, pas de hasard dans le choix du prénom ) et Gaël, deux jeunes ados qui se réveillent sans le moindre souvenir dans une chaloupe échouée sur une minuscule île Bretonne. Recueillis par un couple de gardiens de phare, ils tentent de s’intégrer à une population aussi étrange que fade. Leur désir de découvrir d’autres horizons va les emmener à une terrible révélation.
Une version SF, sombre et cruelle de Paul et Virginie pour débuter tout du moins. Une lecture addictive, toujours bien écrite, des éléments étranges et fantasques distillés de ci de là, des descriptions très visuelles qui nous donnent l’impression de regarder une peinture à l’huile épaisse.
Le récit se déroule au travers un journal de bord tenu en nombre de jours de présence sur l’île, comme des traits sur le mur d’une cellule, faits par des prisonniers.
Le temps s’écoule au rythme de cette île et des tempêtes qui lui sont inhérentes, loin des événements extérieurs et des catastrophes qui ont marqué l’Europe et le monde durant cette période. On perd la notion d’espace et de temps.
Dans un vocabulaire riche mais sobre, tout en pudeur comme ses protagonistes, l’auteur nous agrippe et nous tient comme dans un étau. On se sent étriqués, a l’étroit dans cette atmosphère terne et oppressante.
On se triture le cerveau à tenter de connaître l’issue de ce récit fantastique qui me rappellera finalement sur certains aspects du moins, une très bonne série HBO découverte l’an passé.
Un très bon moment de lecture et un coup de chapeau pour la couverture qui illustre parfaitement l’histoire et qui prend tout son sens au terme de la lecture.