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  • Photo du rédacteurVirginie Riauté

retour de lecture : La tête du lapin bleu Wendall Ultroi


Le bonheur. Vous y avez tous goûté au moins une fois dans votre vie. Une fois a suffi pour en reconnaître les vertus. Une fois, pour n’avoir eu de cesse de vous en procurer, du vrai, de l’authentique ou du succédané chimique ou virtuel.

Ava, du bonheur, elle en avait en stock. Elle en avait plein le cœur, à croire qu’il coulait dans ses veines, plein la tête, plein la bouche, il débordait sur un sourire permanent.

Vous savez, ce bonheur qu’on affiche avec arrogance à la face du monde parce qu’on le croit éternel. Ce bonheur si parfait qu’il se suffit à lui-même, on le nourrit sans les autres, en autarcie.

Et si cette béatitude avait un prix ?

Et si tout cela n’était qu’un leurre ?

Un drame, un accident de parcours et ce sont toutes vos certitudes qui s’effondrent.

Et si vous vous étiez voilé la face durant toute votre vie ?

Ce roman, dans sa première partie, aurait pu prendre le chemin d’un excellent polar. Les énigmes ont été brillamment parsemées au détour des pages pour vous pousser à vous poser moult questions. Mais c’est une autre direction qu’a choisi d’emprunter l’auteur. Wendall nous a livré une tranche de vie, une dizaine d’années tout au plus qui nous entraîneront dans les méandres d’une vie brisée par un choix pris instinctivement, un dilemme cornélien, un billet acheté à une loterie sans vainqueur.

La question alors n’est pas de savoir quel choix vous auriez fait mais comment auriez-vous réagi à la place d’Ava en conséquence de ce choix.

Si j’ai été ébranlée par certains passages décrits avec réalisme au début du récit, ce qui restera au final le plus ancré dans ma mémoire et dans mes tripes à l’issue de ma lecture, c’est la personnalité même d’Ava. Comme je m’y suis retrouvée ! Ava, bon sang ! C’est moi, c’est vous !

Au-delà de la douleur immense, vous auriez très certainement ressenti la même amertume, la même colère, la même renonciation à un avenir où le bonheur aurait peut-être encore trouvé sa place. Point de rédemption, de résilience, mais une putain de culpabilité qui vous empêcherait d’accéder à une quiétude définitivement perdue.

Comme elle, ne chercheriez-vous pas à vous punir ? Comme elle, prendriez-vous les mêmes décisions irrationnelles dictées par une éducation judéo-chrétienne basée sur la pénitence ?

L’absolution ou la pénitence ? La force de se battre ou la perte de toute dignité ?

Ce livre m’a chamboulée car il m’a permis non plus d’accompagner le personnage principal dans ses vicissitudes mais de m’identifier à lui jusqu’à devenir cet autre, cette femme sans compromis, brisée par la fatalité, tourmentée par la culpabilité. Le discours est âpre, rugueux, les ressentis sont décrits avec justesse, sans verser dans le pathos et le sirupeux. C’est du bon boulot tout ça !

Je n’ai lu que 2 romans de Wendall. Quel chemin parcouru depuis son premier livre Un genou à terre dans lequel j’avais trouvé de nombreux écueils qui avaient gêné ma lecture.

Que de travail j’en suis sûre pour nous livrer aujourd’hui une histoire bouleversante de petites gens comme vous et moi avec cette justesse de ton.

Merci Wendall pour ta confiance, ton écoute et ta disponibilité.

Merci surtout de m’avoir permis cette nouvelle expérience en tant que lectrice. C’était assez fou et grisant.

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