retour de lecture : La chambre de lactation de Fred Soulier.
- Virginie Riauté
- 12 juil. 2018
- 2 min de lecture

J’hésitais à commencer ce roman, non par peur de ce que j’allais y trouver, j’avais été prévenue, mais davantage à cause du côté racoleur des ambitions affichées par l’auteur quant à ce livre.
Non, non, pas de voyeurisme, très peu pour moi ( avec un air condescendant )
Il suffit de voir le succès de certains magazines spécialisés dans l’étalage de faits divers les plus atroces qui nous prouvent combien la nature de l’homme est la pire du règne animal. Non, non, pas de voyeurisme, très peu pour moi. ( toujours avec le même air )
Que celui qui n’a jamais ralenti à l’approche d’un accident sur l’autoroute, par voyeurisme, me jette la première pierre.
Et puis je connais un peu l’auteur, sa plume en tout cas, je connais aussi sa propension à l’exagération, son côté excessif. Mais je me suis dit qu’il ne devait pas y avoir qu’un déballage d’atrocités dans ce récit. L’auteur y ajouterait son savoir-faire, sa verve, ce supplément d’âme, il y mettrait ses tripes, comme à chaque fois. Alors j’ai ouvert son roman et l’ai lu d’une seule traite. Voyeur, moi, si peu...
Certes, on y trouve une succession d’atrocités, j’ai appris un paquet de trucs sur les déviances sexuelles. Je suis un peu comme Saint-Thomas, j’ai donc vérifié certains propos ( du reste, j’espère que mes gamins n’iront pas regarder l’historique de mes connexions ).
L’auteur s’est sans aucun doute bien documenté parce que tout semble véridique. De la fabrication de la salive, aux détails médicaux, des sévices aux pratiques sexuels, tout est précis et crédible. Je n’ai pas été jusqu’à essayer les positions de Luigi à un moment du récit, mais je sais que l’auteur l’a fait.
Fred, c’est l’Actors studio des auteurs.
Néanmoins, au-delà des horreurs décrites, c’est l’ambiance du récit qui restera gravée dans mon esprit.
J’ai lu de nombreux livres sur le sujet et il me semble que l’atmosphère suffocante qui se dégage de ce huis clos est une des meilleures que j’ai trouvée. La tension qui suinte de cette chambre des horreurs est à son paroxysme.
Vous trouverez peu d’humour dans ce roman, à part au début ( petit clin d’œil à Sergio le poney ) et à la fin avec l’adaptation cinématographique et vous ressentirez peu d’empathie pour les personnages principaux.
J’ai aussi eu peur à un moment que l’auteur ne m’emmène avec lui, de force, dans une enquête ennuyeuse. Je n’avais pas du tout, mais alors pas du tout envie d’emprunter cette voie. Heureusement, il a exaucé mes souhaits. Il s’est débarrassé de ce « détail » et je l’en remercie. J’aimerais parfois dans certains livres, appuyer sur la touche reseat et réécrire l’histoire, ici, nous sommes en phase.
Si l’instinct animal n’a pour seul objectif d’assouvir ses besoins fondamentaux liés à la survie, dans ce récit, une lueur d’espoir et d’humanité germe pourtant au sein de ce désert de bons sentiments.
Si l’auteur prend souvent à renfort de malchance, les chemins les plus pessimistes, il nous touche en plein cœur avec cet élan, cette lueur qui naît de ses passages les plus désespérés.
C’est puissant, touchant et la lecture est toute différente.
Une nouvelle à découvrir pour toutes ces raisons, si vous avez le cœur et l’estomac bien accrochés.
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