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  • Photo du rédacteurVirginie Riauté

Retour de lecture : L’Enfant fou de Brian Merrant



Je suis une grande admiratrice du Cirque du soleil. J’ai vu plusieurs de leurs spectacles un peu partout en France et ailleurs.

Ambiance sépia, photos jaunies, atmosphères toujours décalées, de Jeunet à Hugo Cabret, de West side story aux road movies sur écran géant, je suis toujours estomaquée et bouleversée non seulement par les prouesses des acrobates mais pour l’univers dans lequel je suis chaque fois catapultée.

Le rideau se lève et je voyage entre deux univers, le réel et l’onirique, le spectaculaire et l’enchanteur.

J’ai vu un mime une fois. Silence respecteux, 5000 paires d’yeux couvent un jeune homme, seul sur la piste, une fine couche de maquillage blanc recouvre son visage, un bien mince filtre auto protecteur. Il est seul sous les projecteurs.

Il nous raconte son histoire dans un mutisme total.

Les mots ne sont plus nécessaires, ses gestes parlent, racontent, suggèrent...

Je souris, encore un peu plus, avec tendresse et bienveillance et les larmes glissent sur mes joues parce qu’il a insufflé ses émotions avec une telle effervescence qu’elles ont résonné jusqu’à moi.

Je regarde autour de moi, la résonance est si puissante qu’elle ricoche dans toute la salle, je vois plusieurs personnes s’essuyer les yeux, nos cœurs ressentent à l’unisson ce qu’il a bien voulu partager.

J’ouvre un livre de Briant Merrant, c’est toute la magie du Cirque du Soleil qui s’offre à moi.

Lui aussi est seul sur scène, mais cette fois, il n’a pas de masque, il l’a fait tomber en même temps que ses mots. Une mise à nu, tout en pudeur et en délicatesse, mais il se donne dans ses nouvelles. Il s’offre à qui prendra avec lui les sentiers de traverse. Il n’a pas besoin de se contorsionner, de gesticuler ou d’en faire trop, tout est dans le rythme, très important le rythme dans ses récits. La résonance, on y revient, si puissante que le temps s’étend, s’étire, magnifique parenthèse, hors de laquelle rien d’autre n’existe, que ses mots confiés tantôt dans un murmure, tantôt dans un cri, des confidences feutrées, des souffrances murmurées, de l’espoir, du désespoir, de la solitude, de la résilience, des mots si bien posés que les larmes glissent encore et encore sur mes joues.

Combien de vies a-t-il vécu, combien de chemins tortueux a-t-il emprunté pour tant de maturité, de clairvoyance, d’acceptation, de lucidité, de sagesse en un si jeune esprit ?

Je pose parfois quelques citations sur mon mur, celles d’Éluard, de Twain, d’Hugo ou de Camus, je peux poser du Merrant maintenant.

Je suis encore un peu sonnée, putain de talent, si jeune, c’est indécent.

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