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  • Photo du rédacteurVirginie Riauté

retour de lecture : L’appel du dieu-ventre de Frédéric Soulier


La nouvelle démarre comme un roman plein d’altruisme et de simplicité, une sorte de Paul et Virginie, lorsque cette dernière vient retrouver son promis, avec en protagonistes, une Faustine un peu moins virginale et un narrateur un peu précieux et crédule, comme son rang le lui impose.

Nous sommes au milieu du XIXeme siècle sur la Danseuse de France en partance de Marseille pour Saint-Denis de La Réunion. Le narrateur nous abreuve de vocabulaire désuet, soutenu, adapté à l’époque et mon vocabulaire s’enrichit à nouveau. J’embarque aussitôt, bien que je n’éprouve que très peu d’empathie pour le personnage principal, trop lisse et naïf à mon goût. On attend la tempête dévastatrice des quarantièmes rugissants mais c’est finalement le feu qui aura eu raison du clipper.

On retrouve quelques survivants sur une bande de sable de 300 m de long sur 60 de large. Puis tout bascule, les limites de la morale et des conditions humaines prennent ( faim ).

Les carcans religieux, sociaux, raciaux, tous s’effritent et implosent dans un une sorte de normalité ou d’indifférence générale.

Ces gentilhommes auront encore la bienséance de célébrer l’anniversaire de Faustine, la fiancée, comme il se doit et ce sera jour de ripaille pour la damoiselle. ( l’auteur a merveilleusement bien illustré ce moment festif, jolie couv )

Puis, c’est l’instinct de l’Homme qui dirige la barque et tout ce qui restait d’humanité prend l’eau.

La faim a raison de tout car elle est le premier besoin primaire à assouvir. Du 1er vagissement au dentier, tout le reste n’est que frivolités, littérature et accessoires. Et le ventre n’est-il pas notre second cerveau ?

Je pense ne jamais avoir lu de récit aussi dur, d’une telle cruauté, de ceux qui envoient valser tous les tabous, de ceux pour qui les liens filiaux, les liens du sang prennent une dimension que je n’avais pas même imaginé...

Certaines scènes sont décrites avec tant de réalisme que mes instincts voyeuristes sont étanchés, toutefois, aucune exhibition gratuite ne vient plomber le récit.

La célèbre formule de Lavoisier, Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, n’aura jamais pris autant de sens et Fred Soulier l’illustre en virtuose.

Et comme dans chacune de ses nouvelles, une question me taraude...

Et moi, qu’aurais-je fait ?

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